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Marie-Laure Gerin

Pour déambuler, il faut être tout à fait libres, ou tout à fait désespérés, fiers de l’inutilité de sa démarche, ou prêts à l’aventure esthétique. Il y a des lieux propices pour ça : Fort st jean, Mucem, plages du Prado, borrely, panier. Ou rue st Fé si on aime les boutiques.

La rue St pierre n’est pas faite pour déambuler. Elle monte vers le cimetière et c’est tout ce qu’elle sait faire. Pas de boutique autre que mortuaire, bordée de façades grises, trottoirs étroits et bus vindicatifs, sales et aléatoires, comme la rue qui les transporte,

L’extérieur coutumier consolide ce qui traîne.

Il faut avoir quelque chose à y faire pour l’aborder. Elle est sévère et punitive. On y déambule mais avec forcément comme un poids lourd dans le cœur.

La prison reste sûre de soi et vous, au milieu, sur de vous.

Déambuler dans cette rue, c’est penser à ces fantômes qu’on va visiter en secret, et à la nostalgie des rencontres interrompues.

Dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord

L’entrée du cimetière est bordée de magasins de fleurs Ce sont des fleurs uniformes et utiles, qui doivent servir à parler entre humains et fantômes. Mais elles sont muettes, elles ne parlent pas en fleur. Sinon, Elles diraient qu’elles seraient mieux ailleurs, dans un jardin au soleil. Elles diraient « excusez-moi, mais,

« Je suis vacant par stupéfaction de ma langue ».

Alors on les comprendrait les fleurs. Elles nous aideraient à chasser le vilain raton laveur qui mange le cœur. On regarderait les pétales bleues et rouges comme une promesse. On penserait à la vie qui reste. On leur dirait

« Cette nuit, je fermerai un livre, et je frapperai chez vous et vous m’ouvrirez »

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