Marion Agostini

TREMBLER

Telle une pluie de fiers grelottements

Il tremble à coeur non de peur mais de froid

Dans le frazil polaire qui tressaille

Dieu seul sait où l’eau glacée s’est perdue

Là-bas au coeur des irritations

Il ne fait plus bon espérer les siens

Adrien

BONDIR

La courbe du guépard s’étale en éclat de soleil le long de la branche.

Le félin scrute de ses larmes noires la gazelle isolée

puis approche petit à petit les griffes immobiles

Et tout à coup 

En avant toute

Une fraction de seconde pour le grand saut tacheté

L’arrière-train s’équilibre au gouvernail de sa queue

La patte sans velours fend l’au-delà

Pour le croc en jambe et l’étrangement final

Son miaulement de satisfaction carnassière déchire le silence

Marion

GUETTER

- Tu l’as vu ? Silence

Telle une proie, immobile, le chasseur a faim.

- L’as-tu vu ?

- Chut !

La rumeur est une drôle de curiosité

- Que nous réserve le futur ?

- Attends !

La cabane est à l’affût.

Adrien

GUETTER

Me voici accroupie sur des toilettes sauvages embêtée par une guêpe qui tourne autour du pot

- Tu guettes ? Tu guettes, dis, Adrien ? Tu guettes ?

Je crains d’être épiée aux jumelles dans cette campagne à découvert

- Tu guettes ? Tu guettes, dis, Adrien ? Tu guettes ?

Avant de lever le camp j’imagine un loup lapant aux étoiles faute de point d’eau

- Tu guettes ? Tu guettes, dis, Adrien ? Tu guettes ?

Personne à l’horizon, camarade ? Filons !

Marion