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Éveillée dans la nuit
Éveillée trop tôt
par le camion poubelle
la nuit est encore noire
j’allume la lampe de chevet à tâtons
l’électricité m’éblouit
je jette un regard sur le petit réveil noir
il n’est pas encore 4 heures
trop tôt pour allumer la radio
trop tôt pour se lever
trop tôt pour petit déjeuner
je me pelotonne sous la couette
mes yeux se ferment encore sur mes rêves
le sommeil ne revient pas
mes idées s’entrechoquent
Je rallume la lampe de chevet
je regarde le réveil
la grande aiguille a fait le tour du cadran
une première heure est passée
je prends un livre de chevet
Nous n’avons pas vu passer les jours
de Simone Schwarz-Bart et un de ses amis
Prédestiné à cette veille
il attendait que je tourne ses pages magnifiques
de talent et d’amour pour le Dernier des justes
incompris des juifs comme des noirs
Une deuxième heure est passée
Il est six heures
je ne veux pas me lever
rien ne me presse
personne ne m’attend
j’ai tout mon temps
Un premier rayon de lumière
traverse l’or du rideau jaune
brodé de montgolfières
s’élevant lentement
Dehors la ville s’agite
Dedans, le temps de l’agitation est révolu
Couchée, silencieuse, j’écoute les bruits du matin
Dans la rue du Loisir
Les klaxons énervés des voitures en double file
Le klaxon impatient du bus 74 à l’arrêt forcé
Les enfants piaillant sur le chemin de l’école
Il y a maintenant longtemps,
Je m’agitais moi aussi dans les matins du monde
Aujourd’hui, je ne sers plus le capitalisme, ou si peu
Éveillée dans la nuit
Je laisse passer les heures
Bientôt, peut-être, un nouveau projet m’habitera
J’aurai hâte de me lever
Mais aujourd’hui rien ne m’appelle
Seulement tenir
et s’accrocher au temps qui passe
Michèle Bitton
Colas Baillieul
Michel Maury
Odile Merlin
Viviane Baubry
Ysabel Bels
Marie-Laure Gerin
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