Viviane Baubry

Poste frontière Rond-point du Prado

LE DAVID EN LIGNE DE MIRE

Phare du bout du Prado
 
La Méditerranée en toile de fond.

 Clignement d’œil
 Accommodation de la pupille
 
Voir loin Vers la mer

Les moussaillons de Pierrot Coquillages
 Décapsulent les fines de claires
 Incisent les palourdes
 Dégoupillent les oursins.

LE DAVID EN LIGNE DE TIR

En Avril les micocouliers du Prado verdissent lentement
Un jour ils sont verts complètement.

Flux descendant vers la mer Flux montant vers le Rond-Point
Les passants ne sont pas les mêmes.

La contre-allée est barrée devant l’ambassade de Turquie
Barrières métalliques en file indienne pour raison de sécurité

Il y a toujours un nœud circulatoire à l’entrée de Paradis
Le purgatoire avant de rejoindre l’artère
 Vers un autre univers.

Marseille est pleine de mondes parallèles

L’immeuble vitré de la BNP consternant de laideur capte le soleil
Prétentieux jusqu’à l’éblouissement

Les experts comptables et les banques ont phagocyté
 Les belles demeures des siècles passés.
Les vieux jardins sont rongés par des grues gigantesques.

 
 A l’arrêt du 83 “Parc Borely”
 Le bus régurgite
Les nounous conductrices émérites de poussettes biplaces,
Les enfants du centre aéré portant casquettes et gilets jaunes,
Les papas du mercredi, empêtrés de sacs de piquenique et de vélos à petites roues.

Rue des Mousses il y a une école maternelle.

A peine cachées les poubelles du Casino brûlent de temps en temps.

LE DAVID EST TOUCHÉ

Il est blessé Une large estafilade dans le dos
 Le marbre blanc saigne.

Sur cette plage de Méditerranée

LE DAVID EST NU
 UN GABIAN SUR LA TETE 
 IL REGARDE MARSEILLE.