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Viviane Baubry

Le temple pour ceux qui pleurent

Accablé le Passager chemine, tête baissée il marche dans une rue déserte.

Il lui faut pousser la lourde grille du numéro 7.

Elle ouvre sur un immense parc aux arbres centenaires.

Les méandres gravillonnés d’un sentier serpentent et se glissent sous des frondaisons épaisses : le Passager circule dans un tunnel végétal.

A la fin de l’allée il découvre enfin Le Lieu :

“Le temple de ceux qui pleurent”

En entrant, la première pièce est une immense verrière.

La lumière s’y infiltre à travers les grappes bleues d’une gigantesque glycine qui offre plusieurs coins refuges chacun fleuri différemment ici les azalées, là les rosiers, les héliotropes et les gardénias…

Le Passager guide ses pas dans une exubérance fleurie et odorante.

Des ruisseaux surviennent et le guident jusqu’à une cascade.

Il faut beaucoup d’eau pour essuyer les larmes.

La luxuriance s’estompe et laisse place à une succession de chambres, de salons, plus ou moins vastes qui invitent au repos, où il est doux de s’asseoir, de s’allonger, de rêver et peut être de s’endormir.

Les fauteuils et les canapés y sont profonds, moelleux : confortables.

Une lumière savamment tamisée révèle les détails élégants de la décoration.

A chacune de ces pièces correspond une couleur, une musique, une odeur. On s’y déplace en flânant pour s’en imprégner, la choisir, s’y arrêter.

Il faut beaucoup d’émerveillements pour épuiser les larmes

Au sortir de la dernière chambre s’ouvre une vaste salle. La lumière y pénètre généreusement grâce à de larges baies ouvertes sur le parc.

De nombreux sofas sont dispersés de façon anarchique dans l’espace.

Çà et là de petits groupes sont installés pour se dire et s’écouter . Des Passagers solitaires reprennent pied.

Il faut beaucoup de confiance pour apaiser les larmes

 

À gauche il y a une grande table où des Passagers dessinent.

Ici les conversations sont perceptibles, de temps à autre on entend les bribes d’une chanson ou quelques notes de piano. Cette grande pièce communique avec un salon de musique. Des Passagers se laissent aller à chantonner ou osent s’emparer d’un instrument.

Il faut beaucoup d’émotions pour assécher les larmes

Après la traversée d’un petit couloir tapissé de photographies, une large porte ouvre le passage vers une salle à manger où tout invite à découvrir une multitude de saveurs “ici commence, si vous le voulez, un voyage gustatif”.

Il faut beaucoup d’étonnements pour oublier les larmes

 

Avant de sortir du Palais des Larmes chaque Passager se retrouve seul, dans une toute petite pièce, plutôt austère, meublée simplement d’un petit bureau devant lequel il peut s’installer pour s’écrire et effacer ses larmes.

 

PS : Ce voyage est conçu pour être proposé en toute liberté au Passager qui a la possibilité d’aller, venir, retourner dans l’ordre, le désordre qui lui convient jusqu’à tarir les larmes qui l’ont accablé.

 

Il faut beaucoup d’eau pour essuyer les larmes.

Il faut beaucoup d’émerveillements pour épuiser les larmes

Il faut beaucoup de confiance pour apaiser les larmes

Il faut beaucoup d’émotions pour assécher les larmes

Il faut beaucoup d’étonnements pour oublier les larmes

Il faut beaucoup de temps pour tarir les larmes.

 

 

 

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